Récapitulatif de l’État des troupes arrivées à Saint Domingue

entre le 15 Pluviôse de l’An X (4 Février 1802)

et le 1er Prairial de l’An XI (21 Mai 1803).

 

Manuscrit sur papier

Datation supposée : 1805

Dimensions : H. 645 mm, L. 480 mm

 

Provenance : vente aux enchères Rossini (Paris) le 5 mars 2019

Don des Amis du musée d’Aquitaine en 2019

 

Inv. (à préciser)

© Lysiane Gauthier -  Mairie de Bordeaux

Ce manuscrit, rare et important, rassemble sur un document unique la quantité des troupes de l’Armée expéditionnaire arrivées à Saint-Domingue et envoyées par Bonaparte pour réprimer la rébellion qui sévissait dans l’île.

 

On remarquera la qualité de la calligraphie de ce texte.

 

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Après sa « découverte » le 6 décembre 1492 par Christophe Colomb, l’histoire d’Hispaniola pendant les trois siècles qui suivirent a été très agitée.

Les premiers Espagnols qui accaparent les terres de l’île sont surtout intéressés par les gisements d’or qu’ils y trouvent. Les autochtones Arawak qui y vivent sont rapidement décimés par les mauvais traitements qui leur sont infligés et les épidémies. Ils disparaissent en quelques décennies.

Les esclaves africains remplacent les autochtones pour l’extraction de l’or, qui s’épuise rapidement, puis dans les plantations.

La canne à sucre en provenance des îles Canaries est implantée au début du XVIème siècle.

 

Saint Domingue, partie occidentale d’Hispaniola, est surtout un repère de flibustiers jusqu’à la fin du XVIIème siècle. Elle devient la propriété de la France quand Louis XIV signe le traité de Ryswick en 1697.

 

« À la veille de la Révolution française, Saint-Domingue assure près des 3/4 du commerce mondial de sucre ! En 1788, son commerce extérieur, évalué à 214 millions de francs, est supérieur à celui des États-Unis.

La colonie compte près de 600 000 habitants, dont 40 000 affranchis, essentiellement des mulâtres, et 500 000 esclaves noirs1 ». Il faut y ajouter les femmes blanches importées, orphelines ou prostituées - d’où le nombre de mulâtres.

 

Avec le début de la Révolution française, esclaves noirs et affranchis revendiquent la liberté et l'égalité des droits avec les citoyens blancs.

Dans la nuit du 22 au 23 août 1791 éclate une violente insurrection, environ un millier de blancs sont tués.

En 1793 La guerre civile s'intensifie, et les colons obtiennent le soutien des Anglais, à qui ils promettent de livrer la colonie en échange du maintien de l'esclavage. Les révolutionnaires - après l'abolition de l'esclavage le 4 février 1794 -  doivent donc combattre la haute société sucrière, alliée aux Espagnols et aux Anglais.

 

Toussaint Louverture quitte le camp espagnol pour celui de la France révolutionnaire. Avec le grade de général, il combat les Anglais et les chasse de l'île.

Puis, il commence à pacifier et à gouverner, mais de façon indépendante vis-à-vis de la France.

Dans un premier temps, Bonaparte confirme Louverture dans sa fonction de général en chef de la colonie.

Louverture prend dès lors en main le gouvernement de l'île mais il développe une politique autonome et réoccupe le 27 janvier 1801 la partie orientale (espagnole) de l'île.

 

Le 8 juillet 1801, il proclame l'autonomie de l'île et se nomme Gouverneur général à vie de la nouvelle République. 

 

Bonaparte, premier Consul, n’apprécie pas ce qu’il considère comme une trahison. Il décide d’armer une expédition pour mettre fin à cette sédition.

Il envoie à Saint-Domingue une expédition commandée par son beau-frère, le général Leclerc, qui a pour objectif, dans un premier temps, de rétablir l'autorité de la République française qui a été mise à mal par Toussaint Louverture.

 

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Le papier du document est globalement en bon état sauf certaines zones d’usure qui se trouvent au niveau de la pliure. L’écriture manuscrite, bien que de petite taille par endroit, est parfaitement lisible. Ce tableau expose les trois expéditions mais ne cite pas les dates d’arrivée.

Le haut du document a donc trait à la première expédition et nomme les responsables du commandement de l’expédition (Leclerc, Delbelle, Dugua…)

En dessous, sont listées en deux parties, droite et gauche, les différentes composantes du corps expéditionnaire : ports d’où sont partis les régiments, désignation des corps, les forces par arme (nombre de soldats), total (d’hommes) par expédition (de chaque port), (nom des) Généraux commandant les troupes, Commandants des Escadres ou Bâtiments qui ont porté les troupes (amiral Villaret de Joyeuse).

La deuxième expédition est un peu moins bien documentée. 

La troisième comporte toutes les précisions sur les ports de départ, le détail des troupes et du commandement.

Enfin, en bas du document, se trouve le total des troupes arrivées à Saint Domingue, soit un peu plus de 43000 soldats.

On le sait, ces expéditions se terminèrent  par un échec en novembre 1803 lors de la bataille du Fort Vertières et la perte de Saint Domingue – et  « l’on peut penser qu’elles ont été l’occasion d’une vaste purge politique, sociale et même raciale de la société civile française ».

 

Bibliographie très succincte :

 

1. https://www.herodote.net/1492_1804-synthese-174.php

2. https://www.persee.fr/doc/outre_1631-0438_2003_num_90_340_4041